Business et amitié peuvent-ils se mélanger ? La charité bien placée. Réflexion sur l'intérêt personnel vs intentions pures et désintéressées

Par mon expérience et les témoignages qu'on entend, mélanger le commerce et les amitiés n'est pas une bonne idée. Quand la famille ou les amis attendent de toi de faire un geste commercial au nom des relations, parfois la demande est abusive et toi, tu as alors la mission de te respecter et de te montrer ferme avec les gens. Dans le monde professionnel, tout travail mérite salaire, n'est-ce pas ! 

Ce n'est pas toujours évident. Parfois on se sent relax, on a l'esprit au repos, on ne prend pas garde. Puis soudainement arrive quelqu'un qui dit vouloir vous faire travailler. Votre tradition dit qu'on ne doit pas refuser du travail. Ensuite la personne s'exprime de manière sympathique, avec un langage attendrissant, vous disant qu'ils sont dans la panade et que, au nom de la solidarité ils ont besoin de votre compétence à prix bas, voire gratuitement... Pour la réussite de leur projet. Eh bien, c'est là qu'il faut être prudent. Avant de se précipiter à dire oui pour être sympa ou pour être amis, il faut analyser. Que feriez-vous à leur place ? Feriez-vous cela ? 

Il est primordial de ne pas oublier que, dans le monde professionnel, les journées ont un coût. Autrement dit, le temps c'est de l'argent. Le bénévolat, c'est bon et c'est beau quand il s'agit d'aller donner deux heures de temps en temps à des personnes qui en ont vraiment besoin. Des personnes âgées, des personnes fragiles, esseulées, malades, des enfants maltraités ou abandonnés. Personnellement, c'est ce que je fais. J'apprécie de visiter des personnes âgées, esseulées et malades. En échangeant de la chaleur du cœur, on vit mieux. Et c'est du baume au cœur pour les personnes fragilisées. N'importe qui peut devenir fragile. Les accidents peuvent arriver à tout individu, à vous, à moi... Pas seulement aux autres. 

Il y a toute sorte de chose que nous pouvons faire. Même visiteur de prison. 

Le service gratuit consiste à faire quelque chose avec le cœur, parce qu'on le veut, librement. C'est servir une cause en laquelle on croit. 

Par contre, aller servir des causes auxquelles on ne croit pas, juste parce que c'est de la famille, des amis, des connaissances ou des voisins qui le demandent, attention ! soyons prudents. Ça vaut une longue réflexion avant toute réponse. 

C'est que les gens sont parfois malins. Ils ont "l'ego de l'ambition et de la réussite". 

Moi, cet ego malin, je ne l'ai pas, ou très peu. Je suis comme ces gens dont l'intellect est vif et attaché aux exactitudes. Donc le malin a du mal à entrer dans ce type d'esprit. Puis le malin n'est pas quelque chose qui m'intéresse puisque c'est la pureté de cœur qui m'intéresse, à ce stade de ma vie. Il en résulte que cela me fait vivre dans le spontané et que je me repose intérieurement. Alors survient tôt ou tard un test, une leçon: nous vivons dans le monde humain ! Ne l'oublions pas. Et l'humain fonctionne selon ses propres intérêts. Nous ne vivons pas dans le monde des saintes âmes. Je ne dis pas qu'il n'y ait pas de saintes âmes sur terre mais elles sont bien trop rares pour qu'on croise leur chemin. 

Il m'est arrivé d'en reconnaître instinctivement. Ce sont des êtres tout donnés à la lumière, à l'Esprit de vie, l'Être profond que les traditions appellent Dieu. Ce sont des personnes qui ont suffisamment évolué pour avoir fait le tour de la question sur les attachements terrestres, les poursuites mondaines, la réussite, etc. Ce sont des personnes comme St François d'Assise, l'Abbé Pierre, Gandhi, entre autres. Ce n'est pas parce qu'il ont œuvré qu'ils se distinguent. C'est par leur vie intérieure que les saintes personnes sont intéressantes. "J'aime ce que l'abbé Pierre a fait pour les pauvres, il en faudrait d'autres à l'identique", c'est une parole qu'on entend souvent mais que je trouve superficielle. C'est trop facile de demander aux autres d'être ce que vous trouvez idéal mais que vous ne ferez pas. Gandhi disait que ne pas aligner ses actes, ses pensées et ses paroles était malhonnête. 

De plus, il y a une erreur de jugement quant à cette identité qu'on colle aux bonnes personnalités. Il semble que beaucoup de gens ignorent que c'est l'être qui compte, et qu'on ne dépend pas des actions pour pouvoir être. Les saintes personnes sont tellement détachées des preuves à faire ici-bas qu'elles n'ont pas besoin de faire ceci ou cela pour être. À ce niveau de réalisation de l'âme, on n'a rien à prouver, on ne fait plus partie des humains qui veulent devenir quelqu'un et s'étiqueter par des actions, des titres et honneurs, une mission de vie qui valorise la personne, etc. Les quêtes humaines sont généralement maladives, nous le savons dans le fond. La preuve est que tout le monde, dans la société industrielle, vit une vie illogique: familles brisées, intérêt personnel, ambition de réussite au détriment des autres et de la planète, achats d'objets inutiles, éducation gâtée, vie superficielle, amour superficiel et conditionnel. Une vie désunie où chacun vit chez soi, sur sa planète, à l'image du conte du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry. 

Pour en rajouter à la peine, de  nos jours les écrans semblent être plus intéressants que les humains... 


L'humain a quand même quelque chose de bon: il vient en aide si on le lui demande. Mais bien trop souvent, l'organisation de la vie humaine demeure obscure, superficielle, conflictuelle, désunie. 


Je ne pense pas que l'amour existe vraiment ici-bas. Il est bien trop confondu avec échange d'affection, attachement, compagnie. L'amour, c'est veiller gratuitement sur autrui et percevoir ses beautés; c'est comme le sentiment purifié d'une mère envers ses enfants. Les saintes personnes, c'est cela. C'est le regard de Dieu sur vous, c'est le regard d'une mère pure. C'est le passage du Ciel sur la terre. C'est difficile à saisir. Mais il est bon de se laisser saisir (si on le peut). 

Il est nécessaire de comprendre que St Vincent de Paul, l'abbé Pierre et toutes ces personnalités ne cherchaient pas à être quelqu'un. Ils ne cherchaient pas une mission de vie pour pouvoir être. Il leur suffisait d'être unis... C'est ce qu'on appelle parfois "union mystique". Une vie secrète de l'âme. 

Vivre, prier, aimer, être en fraternité, écouter le silence leur suffisait. S'ils ont ensuite été au service, c'était parce qu'ils ont vu des injustices et que, par leur grande sensibilité, ils ne pouvaient que tendre la main, surtout aux plus petits. Ces personnalités de compassion étaient à l'inverse du monde: ils aimaient les humbles, les plus petits, ceux que personne n'envie ni n'estime. 

Le sens aigu du réalisme de ces êtres de compassion faisait qu'ils savaient répondre aux besoins de leur temps. Puis être rattaché à une institution peut aider parfois. On peut aussi faire sans. Regardez l'œuvre de Coluche... Les Restos du Cœur sont nés d'un élan de compassion. Et les moyens créèrent l'opportunité. 


Chez certaines tribus d'Amérique, vivre en fraternité, aimer le silence, la célébration en certains moments, ça existe encore, bien que le nombre de tribus soit extrêmement réduit. 



J'ai tenu à bien mettre au clair la différence entre les humains qui ont besoin de réussir leur vie et les personnes rares, spéciales, détachées, connues ou inconnues que je qualifie de saintes, sinon sur la voie de la sainteté (sans le faire exprès, sans le calculer). 

Vu que ces dernières sont extrêmement rares, nous devons (malheureusement) prendre garde: nous vivons chez les humains ordinaires. 

Même quand ils vous parlent de spiritualité et de vertus, ce sont des paroles et les paroles ne certifient rien de sûr. Ils sont très certainement des humains ordinaires. S'ils cherchent à réussir à tout prix, c'est leur vie, leur vérité, ils font ce qu'ils veulent. Mais attention, ne laissez pas qu'ils se servent gentiment de vous pour pouvoir réussir un projet. 


Combien de bonnes gens j'ai entendu se plaindre ! Par exemple je connais un monsieur qui avait fait un accord verbal avec une femme de ménage: elle aurait à travailler chez lui quelques heures par semaine le temps de rembourser à ce monsieur des travaux d'électricité équivalents à 2000 euros. Il était artisan électricien dans ses temps libres, en plus d'un travail dans une usine. Une fois qu'il eut fini les travaux chez elle et son mari, elle laissa tomber le ménage chez l'artisan. Le couple put vivre tranquillement dans leur nouvelle maison dont l'électricité était faite par cet artisan. Le couple lui reste donc redevable. L'artisan n'avait pas osé dire non à cette femme qui avait proposé cet arrangement, malgré le risque qui a pu retentir en lui à la première seconde où elle lui a exposé cette idée. Le souvenir de l'expérience l'a marqué. Il garde l'amertume dans son cœur. Il a appris une leçon. Une grosse perte de revenus. Deux ans après cet incident il me rabachait cette histoire, parmi quelques autres. Décidément, être la bonne poire, c'est une habitude. Le pauvre. Il prend beaucoup de coups sur son estime. L'amertume, les regrets, la colère, la rébellion... Deux ans après, il pensait à se rebeller et à aller leur réclamer son dû. Il avait aussi envie de leur faire des dégâts durant leur absence afin de trouver compensation à sa peine. Sa frustration est compréhensible. Au lieu d'être juste envers lui-même et d'exprimer ce qui est, il a tendance à prendre sur lui la "merde" des autres, pour ainsi dire. 


La chose est claire, dans le domaine professionnel, on doit bien cadrer la chose. 

Dans le cas de l'artisan, il aurait été bon qu'il déclare son chantier et qu'une facture prouvât ses services. Demander une avance de paiement est par ailleurs ce que demandent la plupart des artisans sur les chantiers. 


On voudrait vivre dans la confiance, le repos de l'esprit et l'innocence, mais pour cela il faudrait vivre en ermitage, à moins de trouver des gens purs et intègres avec qui l'on est sur la même longueur d'ondes. Dès lors qu'on vit au milieu de l'humanité, des pépins arrivent de temps en temps. Nous ne pouvons pas tout contrôler. Mais nous pouvons toujours éviter des pépins désagréables si nous écoutons notre instinct quant aux personnes à fréquenter et aux personnes à éviter. 


Il m'a fallu prendre la résolution, même tout récemment, d'être plus ferme dans mes décisions, sur la valorisation de mon temps, sur la façon dont je veux être maître de ma vie. 

Quand il s'agit de compétences professionnelles, j'ai désormais la certitude qu'on ne peut pas mélanger sympathies humaines et commerce. Il y a un tarif horaire, un déplacement en supplément lorsqu'il y a un trajet à faire. Il s'agit de le rappeler aux personnes. Point. D'autant plus que les personnes en demande n'aimeraient pas non plus travailler gratuit ou être utilisées par quelqu'un. Se sentir utilisé comme un outil n'est pas agréable du tout, n'est-ce pas ! 


On n'a pas la charge ou le devoir de s'entendre avec les gens à tout prix. Nous avons intérêt à comprendre cela, pour notre bien-être et notre self-respect. 


Les sympathies humaines, à mon sens, sont gratuites et séparées de tout but commercial. Les rapports de convivialité se doivent d'être désintéressés. Du simple apéro aux repas festifs et aux belles balades, les gens apprécient la simple convivialité. Si vous prétextez un repas de voisinage ou de famille pour faire la pub à votre profession, les gens le comprennent immédiatement et se sentent utilisés. C'est alors un rapport de méfiance qui commence. 


Ensuite, il y a l'entraide. Celle-ci concerne les causes qui sont hors commerce également. 

Quand on entend dire qu'il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier, c'est bien vrai. Il y a plusieurs paniers à séparer. 



Enfin, s'il est vrai que l'homme est un loup pour l'homme, sans devenir parano, il nous appartient de veiller à ce que tout soit juste et équitable. 

Pour ma part, j'y veille. Je n'ai pas à l'esprit d'abuser de la faiblesse des faibles. 

Quant à la sauvegarde de sa propre intégrité, si donc un ami, un voisin ou un membre de votre famille veut vous faire travailler gratuit pour qu'il réussisse son projet personnel, attention ! La compétence professionnelle se paye, surtout en jour ouvrable, c'est la règle. Se respecter à soi, respecter son précieux temps, c'est la première chose qui compte. Ça évitera les embrouilles et les regrets. Une réduction de 10% ou de cet ordre, admettons, devrait être le maximum. Il est important de faire les choses sans avoir à les regretter. Ou bien un échange de service à nombre d'heures équivalentes. Je trouve que c'est du foutage de gueule quand quelqu'un vous dit que son heure vaut 90 euros parce que sa profession est différente et qu'en échange d'une heure sienne, il vous demande un plus grand nombre d'heures. 6 heures ? 9 heures ? Ils ont un tel culot qu'ils feraient passer votre temps pour moins précieux que le leur. Les gens de cette prétention... Ils méritent que quelqu'un leur tende un miroir à cet ego... C'est clair, quand on a saisi le problème, on s'écarte de ces personnes.  Cependant "dealer" avec des individus prétentieux n'est pas mauvais en soi si vous aimez jouer au même jeu. Chacun voit midi à sa porte, comme on dit. 



Simplifions, simplifions. Disons vraiment ce que nous voulons et exprimons-nous sur ce que nous ne voulons pas. Au moins, nous n'avons pas à y penser plus tard. On peut tout à fait être à la fois ferme, direct et sociable. Le reste, la réception de l'interlocuteur, ça le regarde ! Son projet, s'il est bien ou mal ficelé, ça le regarde aussi. On ne doit jamais prendre les responsabilités des autres sur son propre dos à soi. 

L'autre solution, pour revenir sur la facturation, est de proposer de répartir sur deux ou trois paiements si c'est trop cher pour leurs moyens. 



Que faire si les choses n'ont pas été suffisamment claires avec quelqu'un et que vous regrettez votre engagement qui s'avère être mis sur une fausse piste ? Trop de travail par rapport à ce qui était annoncé et trop peu de compensation ? 

Vous avez le droit de vous désengager. Une fois que vous vous rendez compte que vous allez être lésé, vous le dîtes sans perdre de temps, très simplement et clairement, et vous annoncez votre prix. Si les gens ne sont pas d'accord, c'est qu'il y a quelque chose de malhonnête. Ils essaieront peut-être de vous culpabiliser en parlant d'engagement. Dans ce cas, il suffit de leur renvoyer leur mauvaise parole à la face: leur propre engagement est trouble... 


Personne n'aime les conflits, néanmoins devons-nous les éviter ? Faut-il veiller à la paix à tout prix et prendre sur soi ? Bien sûr que non. La paix à tout prix est une fausse croyance venue de je ne sais quelle idéologie ou tradition. La vie est parfois un combat et il est nécessaire de se défendre. Si l'on est ramolli, on ne sait pas défendre la justice, pour soi, pour sa maisonnée, pour les faibles, pour les abusés. Il est primordial d'oser s'opposer en disant non à des gens qui ont d'autres valeurs que les vôtres. Et si le Non en fâche quelques-uns, surtout à notre époque d'humains capricieux et susceptibles, c'est leur problème. 


Malgré tout ce que l'on sait des humains, parfois on se permet d'être la "bonne poire". Puis on se dit qu'on aimerait revenir en arrière et faire les choses autrement. 

Moi-même ai une forte propension au retour des mémoires émotionnelles. Alors il est bon pour moi de m'abstenir de la moindre erreur. Cependant, l'erreur de la confiance précipitée arrive parfois. Il n'y a plus qu'à se pardonner à soi-même et à comprendre pour ne plus reproduire les désagréments. Quant à pardonner à l'autre... Je pense qu'il faut d'abord avoir discuté pour savoir si l'autre personne a compris les conséquences de ses attitudes. 


La vie n'est pas un fleuve tranquille ici-bas. C'est parfois dur à accepter. On a envie de tranquillité mais viendra toujours le moment de l'erreur ou de la discorde. 


N'ayons crainte, tant que nous restons loin des personnes qui peuvent grignoter, diminuer ou tuer l'âme, nous sommes en sécurité. Tant que nous avons l'âme entière, bien alimentée, reliée, rayonnante, nous avons la vie. C'est bien cela qui importe. 

Restons entiers, en accord avec nos âmes et nous aurons alors l'essentiel vital. 


S'il y a une mission de vie que nous ayons à accomplir, nous en avons une seule:  vivre autant qu'on le peut, se respecter soi-même, respecter les autres, et surtout, le summum de ce qu'on peut être, s'aimer les uns les autres.

Le reste, nos activités, c'est le plus souvent une quête de réussite parce que l'argent est une forte nécessité dans cette société, selon nos choix de vie. La réalisation d'une activité rémunératrice est une ambition qui appartient à chacun et chacune. C'est bien trop souvent confondu avec la mission de vie... 


4 octobre 2022 




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