Commentaire littéraire linéaire pour épreuve orale du baccalauréat en français - Emile ou de l'éducation (Livre III) de Jean-Jacques Rousseau
(entre crochets les instructions sur les démarches à suivre par l’élève durant son exposé)
L'Émile est un traité d'éducation des plus populaires dans le monde. Le personnage fictif Émile reçoit, à travers les péripéties de la vie, l'éducation idéale selon Rousseau.
Qui est Jean-Jacques Rousseau ? C'est un écrivain prolifique du XVIIIe siècle, célèbre pour son Contrat Social, l'Émile, le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Globalement Rousseau est connu pour son idée de l'homme né naturellement bon tant qu'il n'est pas perverti par la société.
Le texte que nous allons étudier expose l'idéal qui est celui de Jean-Jacques Rousseau concernant l'éducation des esprits par les pédagogues.
[dire : Je procède d'abord à la lecture du texte]
...
[annonce du plan]
À travers ce texte, nous allons découvrir le principe idéal d'éducation exposé par Rousseau à travers trois mouvements, d’abord l'injonction à la découverte personnelle de l'élève, ensuite la démonstration d'un apprentissage avec les sens, par la vie tangible et ses beautés, enfin un enthousiasme qui ne provient que de soi-même.
[entrée dans l'analyse détaillée]
[1er mouvement : 1er paragraphe]
Tout d'abord, Rousseau exprime au moyen de l'impératif ses conseils en matière de pédagogie.
Il invite clairement le lecteur à être le bon pédagogue, c'est-à-dire celui qui pousse l'enfant à explorer sa curiosité et ses propres raisonnements dans la compréhension des choses. Il avertit sur le futur d'une pédagogie ratée après une condition engagée par la conjonction "si". Cette conséquence désastreuse serait le formatage des esprits devenus des reproducteurs d'opinions préfabriquées par d'autres, ce qui équivaut à des êtres non pensants. Il emploie une expression assez forte, le "jouet des autres", pour qualifier les personnes qui ne savent pas raisonner d’eux-mêmes mais laissent des autorités remplacer la raison ("si jamais vous substituez dans son esprit l’autorité à la raison"). Son avis est "tranché", il s’exprime sans détour sur ce qui semble indispensable au développement de l’esprit d’après lui.
[2ème mouvement : 2e et 3e paragraphes]
C’est ici la démonstration d'un apprentissage avec les sens, dans la vie tangible et ses beautés.
Rousseau se sert de sa critique de la géographie, trop empreinte de représentations abstraites à son avis. Apprendre des représentations par cœur font de l'élève une simple machine enregistreuse, d'après lui. Il emploie sans réserve le mot "machine" par une interjection exprimant son horreur en quelque sorte.
Alors Rousseau propose un exercice de visualisation permettant au lecteur de comprendre comment on peut procéder. Nous voici à présent plongés dans l'observation patiente et émerveillée des mouvements naturels, lors d'une promenade dans la nature, respirant l'air frais et contemplant ce qui se passe autour de soi. Ce paragraphe est le plus long, explicite en matière de temps (matin, soir, lendemain), d'espace (horizon, perspectives), de réceptivité sensorielle (la fraîcheur puis la vue, le verbe voir étant répété plusieurs fois). L'accent est mis sur le soleil et les autres astres, grâce auxquels l'élève se forme concrètement aux points cardinaux et au sens de l'orientation.
La beauté est largement visible dans ce paragraphe riche en couleurs chaudes et sensations de chaleur [citations à l'appui : lexique présent dans le paragraphe]
[3ème mouvement : 4ème paragraphe]
L'enthousiasme devient donc le point final de notre texte. Toujours dans le fil conducteur de l'apprentissage actif, c'est-à-dire via l'intéressement propre à l'élève, le discours de Rousseau a traversé les levers et couchers de soleil flamboyants pour terminer sur les émotions. Il insiste vivement (exclamation "pure bêtise !") sur le rejet de la copie conforme. L'élève ne peut pas copier l'enthousiasme du pédagogue ("maître").
Au-delà de la capacité de réfléchir par lui-même, l'homme est censé être saisi par la beauté de la nature, celle-ci qui le rend alors curieux et réellement intéressé ("spectacle de la nature"). Alors Rousseau va à la cible qu'il vise : le cœur. "Vie", "cœur", "voir" (de soi-même), "sentir", sont les vocables de la vie enthousiaste, vraiment vécue, source d'apprentissages.
[Conclusion]
L'apprentissage selon Rousseau se veut manifestement auto-géré tout en étant accompagné par le corpus enseignant. Rousseau encourage les pédagogues à utiliser ce principe qui consiste à pousser l'élève à être lui-même l'observateur enthousiaste donc motivé. Telle personne est active et non plus passive dans ses apprentissages.
[ouverture] Il est intéressant de constater à quel point un tel élève serait à l'antipode de ce pauvre Gargantua de Rabelais que l'on gavait de force comme une oie hébétée et obéissante.
Comme le disait si bien Montaigne, "mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine."
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